Certificat International d'Écologie Humaine
Université de Pau et des Pays de l'Adour


Les mots-clefs :

Multidisciplinarité : consiste à aborder un objet d'étude selon les différents points de vue de la juxtaposition de regards spécialisés sans mettre en évidence les liens nécessaires qui en fondent l'objectif. Une des conséquences directes de ces discours étanches entre eux, voire concurrents, est le morcellement de l'objet d'étude. On connaît les effets pervers de cette démarche dans le champ des pratiques thérapeutiques.

Interdisciplinarité : le chercheur demeure centré sur l'objet. La démarche disciplinaire se renforce ici par la fréquentation des sciences connexes, insistant sur la fécondité des liens sur lesquels s'appuie l'essentiel de l'argumentation. Pour fertile qu'elle soit, cette attitude comporte cependant une limite : elle ne prend pas forcément la distance critique nécessaire à la remise en question de ses propres fondements.

Transdisciplinarité : elle permet ce pas de côté souvent absent de la démarche précédente. Elle tente d'accéder à « l'impensé » souterrainement à l'oeuvre dans toute lecture (qu'elle soit ou non scientifique). Cette « posture » scientifique ne peut se manifester que par des traversées disciplinaires, sortes d'errances méthodologiques fertiles en rencontres « d'un autre type » : « elles renseignent en profondeur sur nos manières de concevoir le monde » (de Béchillon) et sur cette évidence (qui n'est pas première) que le monde que l'on croit voir se déployer spontanément sous nos yeux, n'est en grande partie qu'une construction culturelle, non pas certes cartographie objective, mais dessein cartographié. Lorsque Edgar Morin rappelle que « ça pense dans le je pense », il fournit un objet à la démarche transdisciplinaire : celui des réseaux souterrains qui orientent les schémas de notre pensée à l'oeuvre. L'écologie humaine a pour objectif de mettre en évidence, au bout du compte, les façons dont l'homme habite sa pensée et vaque avec prudence aux soins du ménage - comme on le disait encore au 14 ème siècle, avant les pressions du « management ».


Autres mots-clefs importants :

Anisotropie : Relatif aux corps et aux milieux dont les propriétés diffèrent selon la direction considérée, selon leur position. Relatif à un espace hétérogène (par opposition à isotrope/homogène).

Complexité : "La complexité est la caractéristique d'une structure dont les éléments sont nombreux, sont divers, et sont reliés entre eux par de multiples interactions. Lorsque cette complexité est suffisante, la structure manifeste des performances qui ne peuvent être déduites de la connaissance de chacun de ses éléments." (JACQUARD Albert. De l'angoisse à l'espoir. Leçons d'écologie humaine. Calmann-Lévy, 2004, p. 103).

Concept : C'est une représentation mentale abstraite d'un objet, d'un ensemble d'objets. Il constitue une définition opérationnelle d'origine théorique qui prend son sens dans le cadre d'une problématique. C'est une reconstitution analytique du monde. Le concept diffère de la notion qui est plus diffuse, plus élémentaire, plus « fourre-tout ». L'on peut mettre tout ce que l'on veut dans le « concept » de « notion »  !!!

Déterminisme : C'est un courant de pensée qui fait que chaque fait est le résultat d'une cause qui le détermine selon un schéma linéaire de cause à effet. C'est une situation où un facteur devient très déterminant et principal. Ce courant a fortement marque la géographie notamment et a puisé ses fondements dans la nature ou l'histoire. Il y a déterminisme lorsqu'une situation dépend d'une situation antérieure. Il y a là, l'idée que tout dépend du passé ce qui a institué le déterminisme historique. Il est synonyme de causalité, la réunion des mêmes causes produit les mêmes effets. C'est aussi le rôle déterminant d'un facteur en particulier, comme les données de la nature en géographie, qui ont conduit au déterminisme naturel, physique. Tout est ramené au cadre naturel et aux contraintes physiques du milieu. Le déterminisme peut être naturel, historique, économique, politique, culturel et idéologique, voire géographique (« la politique des Etats est dans leur géographie » disait Napoléon !) et scientifique. Il y est dès qu'un seul facteur devient déterminant dans les faits ou dans l'approche. Il représente une pensée totalisante voire totalitaire même…

Didactique : Qui sert à la découverte, notamment dans la recherche scientifique et épistémologique. Discipline qui se propose de dégager les règles de la recherche scientifique et de la découverte.

Empirisme : C'est une doctrine qui ne prend comme connaissance que ce qui s'appuie sur l'expérience et non sur une théorie. Elle s'appuie sur la répétitivité des faits et l'observation du terrain qui constitue la source et l'objectif de la connaissance. A travers la comparaison et la répétitivité, on arrive à tirer des conclusions (empiriques) générales. Synonyme = induction.

Entropie : (du grec « entroprê » = retour). En thermodynamique, grandeur qui permet d'évaluer la dégradation de l'énergie d'un système (l'entropie d'un système caractérise son degré de désordre, de désorganisation). Dans la théorie de la communication, nombre qui mesure l'incertitude de la nature d'un message donné à partir de celui qui précède (l'entropie est nulle quand il n'existe pas d'incertitude ; par opposition à néguentropie).

Epistémologie : C'est la science et la réflexion sur la naissance, le développement d'une discipline, les écoles de pensée et les doctrines de connaissance, les méthodes, les problématiques et les paradigmes utilisés à une période donnée. Elle permet de ramener chaque type de pensée à une école donnée, de savoir et de re-situer les emprunts des autres disciplines (fondamental en écologie humaine). L'épistémologie étudie l'histoire, les méthodes, les principes d'une science. C'est la connaissance de la connaissance… ce qui nécessite fondamentalement une approche à la fois disciplinaire, mais également transdisciplinaire.

Herméneutique : L'herméneutique (du grec hermeneutikè = « art d'interpréter » et du nom du dieu grec « Hermès », nom du messager des dieux et interprète de leurs ordres) est l'interprétation de tout texte nécessitant une explication. On parle d'herméneutique pour l'interprétation des textes en général, anciens en particulier, voire de toute œuvre que son herméneutique, dans le cas de l'art contemporain par exemple, est parfois appelée à recouvrir.

Heuristique : L'heuristique (du grec heuriskêin = « trouver ») est l'utilisation de règles empiriques :
- pratiques, simples et rapides,
- facilitant la recherche des faits et l'analyse de situations,
- dans un objectif de résolution de problèmes et de prise de décision,
- dans un domaine particulier.
Les heuristiques sont souvent, à la différence des algorithmes, tirées de l'expérience ou d'analogies, plutôt que d'une analyse scientifique trop complexe car recensant le maximum d'éléments, et donc difficile, voire impossible à mener et exploiter. L'inconvénient c'est qu'une méthode trop simplifiée peut conduire à des biais cognitifs. L'heuristique peut consister à donner l'idée d'une preuve, c'est un raisonnement 'avec les mains' qui fait appel à l'intuition ou se base sur l'étude de cas favorables ; elle peut être un préalable permettant d'expliquer un raisonnement fondé complexe.

Hypothèse : C'est une proposition, une supposition formulée en vue de la vérifier par l'expérimentation ou le terrain qui peuvent la confirmer ou l'infirmer. C'est une loi potentielle qui demande à être testée. Une hypothèse découle souvent d'un problème posé ou constaté et a pour objectif de le résoudre. La formulation des hypothèses est le fondement même de la méthode hypothético-déductive qui se base sur l'expérimentation, le test, le raisonnement et la déduction. Ces hypothèses doivent être explicites pour qu'elles puissent être testées, mesurées et vérifiées. Elles doivent également être parfaitement formulées pour éviter toute confusion.

Induction : De « ducere = amener », c'est une procédure de raisonnement qui formule des propositions globales, des généralisations et des conclusions à partir d'un certain nombre d'observations répétitives en passant par inférence du cas au général. Synonyme = empirisme.

Isotrope : Un espace isotrope est un espace homogène dans toutes les directions et à tous les niveaux. L'espace isotrope a été la base de la plupart des modèles d'économie spatiale et de localisation des activités. Relatif à un espace homogène, dont les propriétés physiques sont les mêmes dans toutes les directions (par opposition à anisotrope/hétérogène).

Méthode / Méthodologie : C'est la marche raisonnée et rationnelle qui permet d'approcher la vérité, de connaître la réalité ou d'arriver à un but. C'est l'ensemble des techniques mises en œuvre pour arriver à un résultat, une démonstration, à la connaissance de la vérité. La méthode s'oppose au « bricolage » (parfois épistémologique) que l'on rencontre dans certains travaux (universitaires ou autres) faits de copiers-collers, de non croisement des informations, d'absence de recul sujet/objet, d'interprétation hâtives, d'analogies, etc…

Néguentropie : Entropie négative. Système stable ordonné. Force de cohésion, idée de progrés, d'avancement, concernant une société, un peuple, une nation (par opposition à entropie).

Positivisme : C'est un courant de pensée qui considère que la seule vraie connaissance (objectivité) et action (positive) est celle qui découle de la science, de nature physico-chimique en particulier. Son père est Auguste Comte, il se fonde sur le rationalisme, l'expérimentation, la déduction.
Ce système philosophique d'Auguste Comte (1798-1857), qui, récusant les a priori métaphysiques, voit dans l'observation des faits positifs, dans l'expérience, l'unique fondement de la connaissance. Le Positivisme considère que l'humanité passe par trois étapes : théologique, métaphysique et positive. Dans l'état positif, l'esprit humain trouve l'explication ultime des phénomènes en élaborant les lois de leur enchaînement. Au travers du Positivisme, Auguste Comte projette de fonder une nouvelle discipline, la physique sociale (qu'on appellera plus tard la Sociologie), dont l'objet est l'étude des phénomènes sociaux. Cette nouvelle discipline a pour mission, selon Comte, d'achever l'ensemble du système des sciences, d'inaugurer ainsi le règne de la philosophie positive, et d'atteindre du même coup le bonheur de l'humanité.
Le Positivisme d'Auguste Comte considère donc que la vérification des connaissances par l'expérience est l'unique critère de vérité. Mais cette doctrine philosophique conduit également à une volonté sans précédent de tout classer, même ce qui est inclassable, et d'établir des hiérarchies dans les différentes sciences présentes alors... Ce Positivisme échevelé s'apparente en quelques points au Scientisme, même si ce dernier affirme que la science peut fournir des explications à toutes les questions qui se posent à l'homme, ce que conteste le Positivisme, notamment dans la deuxième moitié du 19 ème siècle.

Problématique : C'est le référentiel préalable à l'analyse, qui constitue le fil directeur de la pensée et assure l'intelligibilité des résultats. Elle peut être explicite ou implicite. La problématique est le fil directeur de la recherche, l'idée maîtresse qui oriente et guide l'investigation, définit les objectifs et les étapes. La problématique trace le schéma global de la recherche, sa structure et la trajectoire à suivre. Elle fixe le cheminement du travail tout en déterminant le cadre, l'optique de recherche, l'approche du problème. Elle représente la philosophie de la recherche.
La problématique est, en réalité, un nombre réduit d'idées, d'axes ou de problèmes reliés dialectiquement selon un schéma interactif. Elle est loin d'être une collection d'idées ou d'axes mis les uns à côté des autres. Ces idées se trouvent souvent articulées selon un schéma emboîté décelant plusieurs niveaux d'analyse dont l'un nous ramène à l'autre. C'est le cas par exemple du niveau local qui nous ramène à l'échelle régionale. La problématique est une relation circulaire entre un nombre réduit d'idées-forces qui se ramènent souvent à trois ou quatre quelque soit le sujet de recherche et le champ d'étude. Cette relation circulaire est complexe, de type interactif et dialectique, la solution de l'un débouche à un nouveau problème.
La définition de la problématique est fondamentale, elle détermine la méthodologie, les termes et les concepts utilisés et les tests effectués, définit les paradigmes suivis et les approches choisies. Cf. Hypothèse, Paradigme.

Sémiotique : La sémiotique est l'étude des signes et de leur signification. En français, le terme sémiologie est souvent utilisé, avec la même signification. Cependant, certains estiment qu'il y a une nuance entre ces deux termes. La sémiotique étudie le processus de signification c'est-à-dire la production, la codification et la communication de signes. Elle concerne tous les types de signes ou de symboles, et non seulement les mots, contrairement à la sémantique. Même un geste ou un son sont considérés comme des signes. Même des concepts, des idées ou des pensées peuvent être des symboles. La sémiotique fournit les outils nécessaires à l'examen critique des symboles et des informations, dans des domaines divers.

Structuralisme : Courant de pensée qui cherche à mettre en évidence les structures, les relations invariantes entre les éléments pour saisir la signification et les règles. Le structuralisme a été élaboré à partir de la linguistique (F. de Saussure) et de l'anthropologie (C. Lévi-Strauss) pour toucher la plupart des sciences sociales.

Théorie : Ensemble argumenté d'énoncés capables d'expliquer de manière déductive une donnée de l'expérience ou de l'observation. C'est un système explicatif d'un ensemble de phénomènes que l'on propose, avant de le soumettre à un contrôle expérimental. C'est une explication proposée pour expliquer un fait ou un phénomène donnés. Elle suppose des axiomes de départ et repose sur des hypothèses implicites ou explicites. Une théorie est toujours valable tant qu'elle contribue toujours à expliquer le réel et jusqu'à ce que une autre théorie vienne la contredire.